Sous le masque… il y en a toujours un autre !?
Quand je sors de mon en-soi professionnel, je crois enfin pouvoir redevenir moi, mais je suis encore et toujours en représentation. Le professeur devient le compagnon, le père, l’ami, tout comme l’élève à la maison redevient le jeune adulte, le fils, la fille.
Il y aurait des masques qui dissimulent, l’enlever serait se démasquer, plutôt se démarquer, se faire remarquer.
C’est la mascarade de la comédie sociale, hypocrisie, hypokrisis en grec, désigne le jeu, le faux semblant, le tartuffe (un menteur, un imposteur).
Persona, dans le théâtre antique, vient du latin, c’est le nom utilisé pour les masques des acteurs de théâtre. Pour la psychanalyse, la personne est souvent, voire nécessairement prisonnière de cette façade et oublie la quête du moi intime, de l’essentiel. Freud disait à sa fille pour lui expliquer le rapport entre la conscience et l’inconscience, que derrière les beaux murs et les belles fenêtres des maisons, il y a parfois des choses moins belles et des choses qu’on cache aux regards extérieurs.
Aujourd’hui, libéré de ce morceau de papier, de tissu, pensez-vous pouvoir vous mettre à nu et vous présenter à autrui ainsi ?
Sous le sceau du désir certainement pas, la séduction est aussi un masque…un jeu !
Seul l’Amour vrai, pur, où les corps sont transparents et laissent passer les âmes, pourrait offrir cette réalité, mais alors ce seront les mots qui nous manqueront pour dire ce que nous parvenons pourtant très bien à vivre.
Nous sommes des êtres en devenir et la question de notre identité ne peut certes se réduire à un masque, une étiquette, mais nous devons passer par des « en-soi » de transitions pour nous matérialiser aux yeux de l’autre et le rassurer aussi, comme l’air se charge un instant de poussière, on le voit mais ce qu’on voit n’est pas vraiment lui.
Le garçon de café de Sartre est bien autre chose qu’un serveur, mais le sait-il lui-même ?
Nous avons besoin de l’autre pour savoir notre identité et valoir, il est notre validation. L’enfant qui fait du vélo tout seul, demandera d’abord qu’on le regarde !
Dire à l’autre je te vois c’est plus que le regarder dans les yeux, c’est devenir ses yeux et parvenir aux cieux… C’est traverser le visage pour rencontrer l’âme !
L’âme du violon est une petite baguette d’épicéa qui se place sous la table et le fond, côté des aigus, qui fait la subtilité du son mais qu’on ne voit pas. L’essentiel est invisible aux yeux, mais pas au regard. Aussi regarder quelqu’un c’est voir son âme, le voir c’est simplement l’apercevoir.
Le visage est un miroir, enfin nous pourrons nous regarder en face et plus en farce. C’est ce que nous espérons, mais sommes-nous capables de regarder l’autre pour ce qu’il est, et pour ce qu’il dit de nous ?
Freud raconte dans ses Trois Essais sur la sexualité qu’un enfant avait peur dans le noir, il demande à sa tante qui dort dans la pièce d’à côté de lui parler. Celle-ci lui demande pourquoi, il lui répond : il fait plus clair quand quelqu’un parle. Ainsi notre regard est aussi fait de la lumière de l’esprit.
Échanger un regard c’est d’abord se faire un signe d’humanité, de reconnaissance, ce n’est pas simplement saluer une connaissance.
Pour la photo…Merci à l’élève photographe de Term générale
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